Chevreuils, castors, couleuvres, martins-pêcheurs, chouettes hulottes, bernaches du Canada : avec un peu de chance, vous pourrez observer dans le parc du château de Nymphenburg une pléthore d’animaux sauvages – en plein centre-ville ! Notre autrice est partie en safari.
Tout a commencé avec un Triplax lacordairei. C’est le nom scientifique d’une variété de coléoptère que l’on trouve dans le parc du château de Nymphenburg. Je ne suis pas zoologue et je ne consacre pas vraiment mon temps libre aux insectes locaux. Je trouve pourtant fascinant que ce parc ne soit pas seulement connu pour ses espaces verts bucoliques, avec ses fontaines, ses sculptures, ses ponts romantiques et ses nombreux petits châteaux, mais aussi pour sa faune et sa flore exceptionnelles. Notamment pour ce fameux Triplax lacordarei, que l’on ne retrouve nulle part en Allemagne, mais qui a élu domicile dans le parc du château. Et pourquoi donc ici ? Thorsten Glauber, Ministre bavarois de l’environnement, affirme que « les parcs de châteaux sont des endroits privilégiés pour la biodiversité ». Il est temps de partir en balade pour en avoir le cœur net.
Le ciel est bleu, pas un nuage à l’horizon, lorsque je retrouve Frank, photographe de son état, en ce matin de juillet, à l’entrée du parc du château. Le circuit le plus court se cantonne aux jardins paysagers symétriques aménagés sur le devant. Le circuit de deux heures dans la partie sud vous emmènera jusqu’au Löwental – la vallée aux lions. Le circuit de la partie nord, quant à lui, vous fera découvrir la Pagodenburger Tal (vallée de la pagode), près du mur nord.
La dernière fois que je me suis promenée dans ce parc remonte à novembre.
Nous commençons par une promenade le long du circuit de la partie nord. Au bout de quelques minutes, nous atteignons un bosquet lumineux. Au cœur du parc du château, imaginé par Friedrich Ludwig von Sckell, et pourtant loin de tout, dans un petit bosquet où l’herbe, aux reflets dorés par le soleil du matin, ondule au gré de la brise matinale.
Le fameux coléoptère que nous évoquions plus haut aurait-il élu domicile par ici ? Je pense à l’écologiste Rudolf Nützel, avec qui j’ai parcouru un jour une autre forêt, et qui me disait à propos du parc du château de Nymphenburg : « Cette forêt ancienne est précieuse, elle offre de nombreuses cavités et refuges pour les nids. Ce sont des refuges pour les espèces rares. » Des cavités ? Je ne connaissais pas ce terme dans ce contexte. Il s’agit de trous dans les arbres, formés, par exemple, par la foudre. Le pic-vert viendra le creuser et la chouette hulotte s’y installera volontiers. Mais nous y reviendrons plus tard.
Je m’avance dans la prairie, je laisse le soleil me réchauffer, je sens l’herbe mouillée me chatouiller les orteils dans mes sandales, et j’entends le cliquetis de l’appareil photo de Frank. La dernière fois que je me suis promenée dans ce parc remonte à novembre. Je me suis soudain retrouvée nez à nez avec une chevrette et son faon. Tous les promeneurs se sont arrêtés pour observer ces deux animaux qui semblaient nous étudier. Ils se sont ensuite réfugiés en un éclair dans la forêt – mais qui eut cru que l’on pourrait les apercevoir de si près dans leur habitat naturel, qui plus est dans le parc d’un château ? Et ce ne sont pas les seuls animaux que vous pourrez apercevoir.
Au total, 17 espèces de mammifères et 175 espèces d’oiseaux vivent là ! En voici un florilège : chauve-souris, lapins, renards, putois, couleuvres à collier, faucons hobereau (menacé d’extinction) se donnent tour à tour en spectacle, ainsi que les hiboux moyen-duc ou encore les buses. Rudolf Nützel affirme que l’on peut également observer des espèces plus petites, à savoir la libellule demoiselle, l’abeille des sables ou encore le criquet mélodieux. Je n’avais encore jamais entendu parler de ces trois petits spécimens – et en lisant leurs noms, j’ai l’impression de plonger dans le « lexique du monde merveilleux des animaux ». Au fait de la multitude d’animaux rampant, volant, sautant et nageant autour de nous, j’envisage un instant d’investir dans une paire de jumelles.
Bien sûr, rien ne garantit que l’on apercevra tel ou tel animal. Je me tourne alors vers la flore, qui n’est pas moins impressionnante. Nützel énumère une série de plantes – j’en reconnais même quelques-unes que je croise dans les bois : hippocrépide à toupet, hélianthème, harpagophytum ou encore reine des prés. On trouve également différentes variétés de sauge.
C’est au son du chant des oiseaux que nous continuons vers l’extrémité nord du parcours, la vallée de la pagode, avec son étang bucolique bordé de tilleuls. Si vous poussez jusqu’au portail, vous trouverez un tronc, vestige d’un tilleul qui a vécu là pendant trois cents ans. Nous nous dirigeons ensuite vers le sud, vers la pagode, posée au bord de l’eau. Nous passons devant, et décidons de tenter l’impossible : apercevoir un des martins-pêcheurs qui a élu domicile par ici. En effet, un couple de martins-pêcheurs s’est installé dans le parc du château de Nymphenburg. Quelques ornithologues amateurs ont même pu l’immortaliser en photo.
En effet, un couple de martins-pêcheurs s’est installé dans le parc du château de Nymphenburg. Avec son magnifique plumage turquoise et orange, parsemé de tâches couleur azur (pour le mâle), cet oiseau ne passe pas inaperçu.
Je m’y connais un peu mieux en oiseaux qu’en coléoptères, mais je suis loin d’être une spécialiste. J’ai cependant retenu qu’il vit toujours près d’un point d’eau fraîche et saine. C’est pour cela qu’on le trouve rarement dans les zones industrialisées. Avec son magnifique plumage turquoise et orange, parsemé de tâches couleur azur (pour le mâle), cet oiseau ne passe pas inaperçu. En Allemagne, il a souvent été une espèce menacée,mais depuis les années 1970, l’Union allemande pour la Conservation de la Nature considère cette espèce comme stable. Nous faisons le tour du lac en restant à l’affut, mais il ne daigne ni survoler l’eau ni plonger.
Au bout d’une heure et demi, nous ne sommes pas encore lassés de l’air frais et des concerts de chants d’oiseaux gratuits, et nous continuons, quittant le circuit du nord pour nous engager sur le circuit du sud. Nous nous dirigeons vers Badenburg, où habitent quelques chouettes hulottes, dont notamment le célèbre Kasimir, si souvent pris en photo. Il habite dans un des tilleuls, près du pont qui mène à Badenburg. Nous levons la tête pour tenter de l’apercevoir – les chouettes hulottes savent très bien se fondre dans la nature. Nous le voyons, faisons des signes de la main, il nous observe, les yeux mi-clos, d’un air bougon.
Près du lac de Badenburg, Rudolf Nützel me parle des oiseaux aquatiques : « Les îles, interdites au public, sont idéales pour la nidification. Elles sont également un refuge précieux pour la faune sauvage. » Sur la rive de l’une des îles, on distingue une hutte de castor. Outre l’oie cendrée et la bernache du Canada, on peut observer ici de petits groupes de bernaches nonnettes. Si tant est qu’on a pensé à emporter des jumelles...
Il a décidé de modeler la terre pour créer des collines et des vallées qui semblent aujourd'hui naturelles. C'est ainsi qu'est née, entre autres, la douce vallée qui s'étend devant moi, magnifiquement éclairée par le soleil. Le bruit est à couper le souffle - des milliers de grillons champêtres mâles poussent bruyamment leur chant nuptial. Je ferme les yeux et je revois mes dernières vacances en Italie.
Absorbés dans une conversation passionnante, Frank et moi nous dirigeons vers la forêt ombragée lorsqu’un chevreuil surgit soudain d’entre les arbres. Il mastique tranquillement son petit-déjeuner sans nous quitter des yeux. Nous restons plantés là, tout guillerets, puis il s’en va. Je me dis alors qu’on ne peut pas traverser le parc du château de Nymphenburg sans apercevoir un chevreuil. Une conclusion très personnelle, qui me convient bien.